Hommage à Don Juan et Carlos Castaneda.
Hommage à Don Juan, le Sorcier
yaqui.
Comment Don Juan a choisi son disciple.
Extrait d'un texte de Dominique Aubier,
tiré de son livre
« Ma Vie avec l'Hidalgo ».
L'extrait concerne les enseignements de Don Juan, le Sorcier Yaqui, rendu célèbre par l'ethnologue Carlos Castaneda. Dominique Aubier a attaché une très grande importance à la leçon initiatique de l'Amérindien qu'elle considérait comme l'un des plus grands initiés contemporains. Elle lui a rendu hommage dans son livre « Le Secret des Secrets ».
Ici, elle approfondit certains aspects de son enseignement qu'elle met en relation avec le Zohar.
«
Dans le système de Don Juan, le sorcier amérindien, l'appel existe. Il
est un acte spécifique du maître accrochant le disciple dans l'être qui
lui est proposé. La scène en est relatée dans toutes premières pages du
livre de Carlos Castaneda, Voir, les Enseignements d'un sorcier Yaqui, paru aux éditions Gallimard.
« Il faut ici apporter une mise au point. Don Juan ne choisit pas lui-même son disciple. Il le reconnaît grâce à certains indices. C'est l'Invisible qui le désigne à son attention, par l'intermédiaire de quelques minuscules opportunités. Quand le vieil indien entra dans la gare d'autobus d'une ville de l'Arizona (la ville n'est pas nommée et c'est bien dommage, car son nom devait recéler une information précieuse dont le sorcier aura, à coup sûr, fait usage), il savait déjà qu'il devait découvrir l'homme à qui livrer sa connaissance. Il se peut que, ce jour-là, un signe lui ait fait savoir que la rencontre était imminente.
Ce qui est certain, c'est qu'une indication concrète pour un initié vigilent lui a été fournie à l'instant même où l'étudiant en ethnologie, Carlos Castaneda, s'est approché. L'ami du chercheur qui l'attendait à la gare n'a pas fait les présentations. Il n'a pas fait. En omettant de faire ce que toute courtoisie et usage oblige de faire, il a fait ce que l'Invisible désirait. L'absence de cérémonial : voilà ce qui s'est vu dans le miroir du manifeste. Donc, de l'autre côté, quelque chose se mirait : le protocole positif des présentations.
« Un initié comme Don Juan est incessamment branché sur le visible dont il traduit imperturbablement les messages s'ils sont symboliques, dont il reçoit les ordres en direct s'ils sont parlés ou montrés. Je m'expliquerai plus tard sur cette technique de perception dont la vie devait m'enseigner l'usage, le moment venu. Mais il faut bien la prêter à l'Indien si l'on veut comprendre qu'aussitôt il agisse pour « accrocher » le disciple dans le passant. Certes, le nouveau venu lui offre l'occasion idéale pour que l'appel se fasse : il prétend connaître le peyotl et il ment. Le mensonge aussi révèle. Pour un homme de connaissance, le mensonge indique le contraire de ce qu'il veut faire croire.
« Carlos Castaneda veut faire croire au vieil Indien qu'il est capable de soutenir un dialogue intéressant au sujet du peyotl. L'Indien qui connaît véritablement le peyotl analyse aussitôt le mensonge et y voit la preuve par l'envers que le dialogue intéressant doit avoir lieu. Cette manière de redresser relève aussi du dispositif de la Tête. L'hémisphère gauche (gauche d'une personne parlant d'elle-même) qui possède le langage présente les informations de haut en bas, si l'on me permet de le dire ainsi. L'hémisphère droit qui assure la manifestation de l'information la traduit à l'envers, suivant un effet de miroir. Ceci résulte des positions en face à face des deux hémisphères. L'un reçoit l'influx de haut en bas et l'autre le reçoit sur le retour, de bas en haut, après échange latéral d'un hémisphère sur l'autre. Si bien que, dans le manifeste, il y a toujours un effet à remettre dans sa droiture pour atteindre l'information dont il est le résultat.
« Don Juan perçoit successivement deux indices d'avoir à identifier son disciple dans l'ethnologue. Il répond à ces indications à la vitesse de la pensée vigile. Que fait-il ? Il prend une certaine posture mentale, celle qui met le Verbe au front comme une fronde, et il décoche une pierre, la pierre de regard, dans l'œil de son vis-à-vis. Cette pierre de regard, qu'est-ce ? C'est lui-même en qui l'énergie du Verbe est coulée. Mais cette énergie, d'où vient-elle ? Si la Tête est le modèle de la Création, comme l'affirme le Zohar (au chapitre des omissions) ce sont des axones qu'il faut concevoir dirigeant sur nous l'influx central de cette corticalité en action. Le Zohar se représente ainsi les choses quand il parle de la « force cachée qui se ramifie dans toutes les directions », dégageant « des rayons utiles au monde et d'autres qui ne le sont pas » (tome II, page 592). Utiles quand ils excitent des cellules placées dans l'hémisphère moteur, non utiles mais nécessaires quand ils irritent des cellules agissant pour le compte du manifeste, dans l'hémisphère en face.
C'est là un distingo subtil et il suffit à faire comprendre que tous les hommes ne soient pas également sensibles à l'appel de la vérité. Ceux qui servent dans l'hémisphère moteur perçoivent plus aisément le mystère d'être que ceux qui servent l'hémisphère spécifiquement manifestant. Certes, l'imbrication complexe des structures l'une dans l'autre fait qu'il y a droite dans la gauche et gauche dans la droite, et que l'être soit le résultat d'une coopérative de sommations contradictoires ou associées, prédéterminant sa capacité de percevoir plus ou moins fort l'influx informationnel.
« Il importe de le souligner car certains hommes sont portés à nier l'existence du mystère d'être, bien qu'ils le ressentent parfois. Ce n'est là qu'une disposition sensible. Il vaut mieux être sensible. Mais celui qui ne le serait pas peut néanmoins dégager son être et réussir à la performance de vivre en pleine connaissance de cause, pour peu qu'il aille vers la Connaissance par les voies qui lui sont naturellement ménagées : celles de l'intellect… si possible celles du cœur. Le cœur étant synonyme d'intelligence ».
Extrait d'un texte inédit de Dominique Aubier,
tiré de son livre :
« Ma Vie avec l'Hidalgo ».
Tous les livres de Dominique Aubier.
yaqui.
Comment Don Juan a choisi son disciple.
Extrait d'un texte de Dominique Aubier,
tiré de son livre
« Ma Vie avec l'Hidalgo ».
L'extrait concerne les enseignements de Don Juan, le Sorcier Yaqui, rendu célèbre par l'ethnologue Carlos Castaneda. Dominique Aubier a attaché une très grande importance à la leçon initiatique de l'Amérindien qu'elle considérait comme l'un des plus grands initiés contemporains. Elle lui a rendu hommage dans son livre « Le Secret des Secrets ».
Ici, elle approfondit certains aspects de son enseignement qu'elle met en relation avec le Zohar.
Dominique Aubier : hommage à Don Juan Matus… |
« Il faut ici apporter une mise au point. Don Juan ne choisit pas lui-même son disciple. Il le reconnaît grâce à certains indices. C'est l'Invisible qui le désigne à son attention, par l'intermédiaire de quelques minuscules opportunités. Quand le vieil indien entra dans la gare d'autobus d'une ville de l'Arizona (la ville n'est pas nommée et c'est bien dommage, car son nom devait recéler une information précieuse dont le sorcier aura, à coup sûr, fait usage), il savait déjà qu'il devait découvrir l'homme à qui livrer sa connaissance. Il se peut que, ce jour-là, un signe lui ait fait savoir que la rencontre était imminente.
Ce qui est certain, c'est qu'une indication concrète pour un initié vigilent lui a été fournie à l'instant même où l'étudiant en ethnologie, Carlos Castaneda, s'est approché. L'ami du chercheur qui l'attendait à la gare n'a pas fait les présentations. Il n'a pas fait. En omettant de faire ce que toute courtoisie et usage oblige de faire, il a fait ce que l'Invisible désirait. L'absence de cérémonial : voilà ce qui s'est vu dans le miroir du manifeste. Donc, de l'autre côté, quelque chose se mirait : le protocole positif des présentations.
« Un initié comme Don Juan est incessamment branché sur le visible dont il traduit imperturbablement les messages s'ils sont symboliques, dont il reçoit les ordres en direct s'ils sont parlés ou montrés. Je m'expliquerai plus tard sur cette technique de perception dont la vie devait m'enseigner l'usage, le moment venu. Mais il faut bien la prêter à l'Indien si l'on veut comprendre qu'aussitôt il agisse pour « accrocher » le disciple dans le passant. Certes, le nouveau venu lui offre l'occasion idéale pour que l'appel se fasse : il prétend connaître le peyotl et il ment. Le mensonge aussi révèle. Pour un homme de connaissance, le mensonge indique le contraire de ce qu'il veut faire croire.
« Carlos Castaneda veut faire croire au vieil Indien qu'il est capable de soutenir un dialogue intéressant au sujet du peyotl. L'Indien qui connaît véritablement le peyotl analyse aussitôt le mensonge et y voit la preuve par l'envers que le dialogue intéressant doit avoir lieu. Cette manière de redresser relève aussi du dispositif de la Tête. L'hémisphère gauche (gauche d'une personne parlant d'elle-même) qui possède le langage présente les informations de haut en bas, si l'on me permet de le dire ainsi. L'hémisphère droit qui assure la manifestation de l'information la traduit à l'envers, suivant un effet de miroir. Ceci résulte des positions en face à face des deux hémisphères. L'un reçoit l'influx de haut en bas et l'autre le reçoit sur le retour, de bas en haut, après échange latéral d'un hémisphère sur l'autre. Si bien que, dans le manifeste, il y a toujours un effet à remettre dans sa droiture pour atteindre l'information dont il est le résultat.
« Don Juan perçoit successivement deux indices d'avoir à identifier son disciple dans l'ethnologue. Il répond à ces indications à la vitesse de la pensée vigile. Que fait-il ? Il prend une certaine posture mentale, celle qui met le Verbe au front comme une fronde, et il décoche une pierre, la pierre de regard, dans l'œil de son vis-à-vis. Cette pierre de regard, qu'est-ce ? C'est lui-même en qui l'énergie du Verbe est coulée. Mais cette énergie, d'où vient-elle ? Si la Tête est le modèle de la Création, comme l'affirme le Zohar (au chapitre des omissions) ce sont des axones qu'il faut concevoir dirigeant sur nous l'influx central de cette corticalité en action. Le Zohar se représente ainsi les choses quand il parle de la « force cachée qui se ramifie dans toutes les directions », dégageant « des rayons utiles au monde et d'autres qui ne le sont pas » (tome II, page 592). Utiles quand ils excitent des cellules placées dans l'hémisphère moteur, non utiles mais nécessaires quand ils irritent des cellules agissant pour le compte du manifeste, dans l'hémisphère en face.
C'est là un distingo subtil et il suffit à faire comprendre que tous les hommes ne soient pas également sensibles à l'appel de la vérité. Ceux qui servent dans l'hémisphère moteur perçoivent plus aisément le mystère d'être que ceux qui servent l'hémisphère spécifiquement manifestant. Certes, l'imbrication complexe des structures l'une dans l'autre fait qu'il y a droite dans la gauche et gauche dans la droite, et que l'être soit le résultat d'une coopérative de sommations contradictoires ou associées, prédéterminant sa capacité de percevoir plus ou moins fort l'influx informationnel.
« Il importe de le souligner car certains hommes sont portés à nier l'existence du mystère d'être, bien qu'ils le ressentent parfois. Ce n'est là qu'une disposition sensible. Il vaut mieux être sensible. Mais celui qui ne le serait pas peut néanmoins dégager son être et réussir à la performance de vivre en pleine connaissance de cause, pour peu qu'il aille vers la Connaissance par les voies qui lui sont naturellement ménagées : celles de l'intellect… si possible celles du cœur. Le cœur étant synonyme d'intelligence ».
Extrait d'un texte inédit de Dominique Aubier,
tiré de son livre :
« Ma Vie avec l'Hidalgo ».
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