Pour les Lecteurs de Carlos Castaneda : comprendre le sens des leçons initiatiques.
Je reçois des courriers de la part des Lecteurs des ouvrages de
Carlos Castaneda qui désirent mieux en comprendre les enseignements
initiatiques.
Voici une lettre qui pourrait intéresser les
personnes qui suivent ce Blog, en ce sens qu'elle pose les bonnes
questions. J'ai bien entendu répondu personnellement à ce Lecteur. Ne
contenant pas d'éléments privés, il m'a semblé que notre échange pouvait
être partagé entre tous.
Le 30 janv. 18 à 08:16, PH. R a écrit :
Cher Monsieur,
Je relis, et médite des lignes de votre Blog. Je revois que Dominique Aubier a, dans "La Face cachée du Cerveau », expliqué l’enseignement de Don Juan Matus.
C’est dans un livre d’Erich Fromm que j’ai entendu parler de cet homme. Par une seule phrase citée. J’ai eu envie de faire sa connaissance. C’est ainsi que j’ai lu tout Castaneda. Même si j’étais désarçonné souvent.
A la fin du premier livre j’étais perplexe. Pourquoi diable lui fait-il (à Castaneda) prendre toutes ces drogues. Je reçus la conclusion que c’était parce que Castaneda avait « une grosse tête ». Quelle ne fut pas ma joie d’être approuvé par Don Juan Matus.
Tous les échos que j’ai reçus de Castaneda, y compris dans un livre, disent que les gens étaient en quête de surnaturel, de pouvoirs, d’états de conscience supérieure et je ne sais quoi encore. Certains controversaient sur Don Juan Matus, était-il réel ou inventé ? Ce dont je n’avais strictement rien à faire. J’ai vu un parallélisme avec les chrétiens, qui ont un besoin compulsif de démontrer l’historicité de Jésus — ce qui équivaut, selon moi, à demander un miracle, afin que nous croyons.
Je dis que j’ai lu Castaneda, mais ce n’est pas tout-à-fait cela! Je crois bien que j’ai mangé Don Juan Matus. C’est ainsi que j’ai constaté, dans des circonstances pénibles de ma vie, que j’avais agi adéquatement en vivant des pensées de Don Juan Matus. C’était non une application de recette, mais cela venait de l’intérieur.
J’ai aussi mangé l’inspecteur Columbo, dans sa relation avec le chien. J’ai alors vécu une belle métamorphose. D’autant plus profonde que ma lecture non-initiée de Genèse 1 et 2 m’avait ouvert des perspectives entièrement nouvelles.
Mais une fois de plus je ne veux pas abuser de votre temps. Je dirais simplement, pour conclure, que je souhaite me procurer « la Face cachée… ».…
« Je te loue, Père, de ce que tu as caché ces choses… »
Bien cordialement je vous salue.
P.-H. R.
Bien cordialement je vous salue.
P.-H. R.
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Ma réponse :
Bonjour,
Votre intérêt pour Carlos Castaneda est très louable. Je devrais dire votre intérêt pour les enseignements de Don Juan.
Selon Dominique Aubier, il fut l'un des plus grands initiés de la tradition amérindienne. Sa mission fut de transmettre sa Connaissance à l'Occident, de la sortir de l'enclos amérindien dans la perspective que quelqu'un, quelque part, en donnerait l'explication.
Don Juan est un expert de la lecture des signes (voir avec les deux yeux) et met en scène des situations symboliques devant conditionner son disciple. Il lui montre les archétypes sans les nommer, et cependant il va à la limite du discible. Étant un initié de La première instance « bip », il subit la loi du silence et n'est pas autorisé à délivrer l'explication qu'il connaît pourtant. Il peut cependant expédier son disciple vers l'initié qui délivrera l'explication. Dans la tradition amérindienne, c'est une femme. Chez les Sioux, c'est "Femme Bisonne Blanche". Don Juan, étant un Yaqui hispanophone, la surnomme plaisamment "la Catalina". Qui est-elle ? Il emmène Castaneda voir une sorcière qu'il affuble de ce nom. Il veut faire comprendre à son disciple qu'il existe une "Catalina" quelque part, et celle qu'il lui présente n'en est que l'image symbolique. Il devra, un jour, reconnaître vraie Catalina et aller vers elle : "ne te détourne pas de cette femme", lui dit-il.
Les personnes qui remettent en cause l'existence de don Juan sont pathétiques. Il est impossible que Castaneda ait inventé le personnage pour la simple raison qu'il est un ethnologue de terrain, excellent preneur de notes, mais dépourvu de toute imagination de romancier. Ses textes écrits dans un style plat, sans relief littéraire sont des comptes-rendus authentiques. Les seuls moments d'envolée poétique, initiatiques, sont ceux de son Maître dont la pensée domine la plume de l'auteur. L'exactitude de la pensée initiatique de don Juan prouve qu'il n'est pas une fiction, ni un mythe forgé. Nier son existence, c'est la dernière astuce de certains ethnologues désirant effacer… ce qu'ils recherchent. Car si le trésor est trouvé, leur quête devient inutile. Ils jouent leur survie dans cette affaire…
Un très beau passage a été écrit sur Don Juan dans le livre "Le Secret des secret", explicité dans "La Face cachée du Cerveau".
J'ai bien apprécié votre référence à l'inspecteur Colombo, que Dominique Aubier aimait beaucoup. En effet, il utilise des techniques initiatiques comme la lecture des signes, le Redoublement (il revient toujours juste au moment où il semble sortir : il fait tout deux fois), le retour à l'origine, la dualité, l'inversion, et comme vous le dites, son chien qui semble en savoir plus long. Ainsi que sa mystérieuse épouse qui semble le conseiller et qui n'apparaît jamais…
Sur le besoin de démontrer l'historicité du Christ, le cardinal Joseph Ratzinger (Benoît XVI) a traité le sujet ("La genèse de l'historisme") dans son livre "La Foi chrétienne hier et aujourd'hui".
« De nos jours, écrit-il, nous sommes enclins à ne considérer que le concret, le "vérifiable" comme l'unique réalité. Mais de quel droit ? Ne convient-il pas de nous demander avec plus de soin ce qu'est le réel ? Se limite-t-il à ce qui est constaté et constatable ? L'attitude scientifique moderne… est caractérisée par le fait qu'elle se limite aux "phénomènes", à ce qui est apparent et saisissable. Nous avons renoncé à l'en-soi caché des choses, à sonder l'essence de l'être… » Il ajoute… « la foi chrétienne… professe le primat de l'invisible comme étant le vrai réel qui nous porte et qui nous permet ainsi d'affronter avec assurance le monde visible, conscients de notre responsabilité devant l'Invisible, racine de toute chose… » En ce sens, il rejoint la pensée de Don Juan qui cependant dépasse le domaine religieux.
L'œuvre de Dominique Aubier permet la synthèse de ces points de vue.
Je vous souhaite dès à présent bonne lecture de ces ouvrages d'avant - garde… à moins que ce soit nous qui retardions dans l'arrière-garde de la pensée ?
Très chaleureusement,
M. D. Blumenstihl-Roth, éditeur.
http://www.dominique-aubier.com
Votre intérêt pour Carlos Castaneda est très louable. Je devrais dire votre intérêt pour les enseignements de Don Juan.
Selon Dominique Aubier, il fut l'un des plus grands initiés de la tradition amérindienne. Sa mission fut de transmettre sa Connaissance à l'Occident, de la sortir de l'enclos amérindien dans la perspective que quelqu'un, quelque part, en donnerait l'explication.
Don Juan est un expert de la lecture des signes (voir avec les deux yeux) et met en scène des situations symboliques devant conditionner son disciple. Il lui montre les archétypes sans les nommer, et cependant il va à la limite du discible. Étant un initié de La première instance « bip », il subit la loi du silence et n'est pas autorisé à délivrer l'explication qu'il connaît pourtant. Il peut cependant expédier son disciple vers l'initié qui délivrera l'explication. Dans la tradition amérindienne, c'est une femme. Chez les Sioux, c'est "Femme Bisonne Blanche". Don Juan, étant un Yaqui hispanophone, la surnomme plaisamment "la Catalina". Qui est-elle ? Il emmène Castaneda voir une sorcière qu'il affuble de ce nom. Il veut faire comprendre à son disciple qu'il existe une "Catalina" quelque part, et celle qu'il lui présente n'en est que l'image symbolique. Il devra, un jour, reconnaître vraie Catalina et aller vers elle : "ne te détourne pas de cette femme", lui dit-il.
Les personnes qui remettent en cause l'existence de don Juan sont pathétiques. Il est impossible que Castaneda ait inventé le personnage pour la simple raison qu'il est un ethnologue de terrain, excellent preneur de notes, mais dépourvu de toute imagination de romancier. Ses textes écrits dans un style plat, sans relief littéraire sont des comptes-rendus authentiques. Les seuls moments d'envolée poétique, initiatiques, sont ceux de son Maître dont la pensée domine la plume de l'auteur. L'exactitude de la pensée initiatique de don Juan prouve qu'il n'est pas une fiction, ni un mythe forgé. Nier son existence, c'est la dernière astuce de certains ethnologues désirant effacer… ce qu'ils recherchent. Car si le trésor est trouvé, leur quête devient inutile. Ils jouent leur survie dans cette affaire…
Un très beau passage a été écrit sur Don Juan dans le livre "Le Secret des secret", explicité dans "La Face cachée du Cerveau".
J'ai bien apprécié votre référence à l'inspecteur Colombo, que Dominique Aubier aimait beaucoup. En effet, il utilise des techniques initiatiques comme la lecture des signes, le Redoublement (il revient toujours juste au moment où il semble sortir : il fait tout deux fois), le retour à l'origine, la dualité, l'inversion, et comme vous le dites, son chien qui semble en savoir plus long. Ainsi que sa mystérieuse épouse qui semble le conseiller et qui n'apparaît jamais…
Sur le besoin de démontrer l'historicité du Christ, le cardinal Joseph Ratzinger (Benoît XVI) a traité le sujet ("La genèse de l'historisme") dans son livre "La Foi chrétienne hier et aujourd'hui".
« De nos jours, écrit-il, nous sommes enclins à ne considérer que le concret, le "vérifiable" comme l'unique réalité. Mais de quel droit ? Ne convient-il pas de nous demander avec plus de soin ce qu'est le réel ? Se limite-t-il à ce qui est constaté et constatable ? L'attitude scientifique moderne… est caractérisée par le fait qu'elle se limite aux "phénomènes", à ce qui est apparent et saisissable. Nous avons renoncé à l'en-soi caché des choses, à sonder l'essence de l'être… » Il ajoute… « la foi chrétienne… professe le primat de l'invisible comme étant le vrai réel qui nous porte et qui nous permet ainsi d'affronter avec assurance le monde visible, conscients de notre responsabilité devant l'Invisible, racine de toute chose… » En ce sens, il rejoint la pensée de Don Juan qui cependant dépasse le domaine religieux.
L'œuvre de Dominique Aubier permet la synthèse de ces points de vue.
Je vous souhaite dès à présent bonne lecture de ces ouvrages d'avant - garde… à moins que ce soit nous qui retardions dans l'arrière-garde de la pensée ?
Très chaleureusement,
M. D. Blumenstihl-Roth, éditeur.
http://www.dominique-aubier.com